Le matin j’suis fatiguée parce que la nuit j’ai trop rêvé

J'ai failli renoncer

Je me disais : je serais jamais amoureuse ! Et ça me rendait triste au fond.

Mais j'en avais tellement marre d'attendre. Pourtant, je suis pas le genre à me décourager. Quand tu vis à la campagne, tu sais forcément ce que c'est que la patience.

T'es bien obligée pour regarder pousser le blé. Même avec de l'engrais, c'est long à pousser le blé. Alors t'attends.

T'attends que les jours passent, ceux avec la pluie, et ceux avec le soleil… T'attends.

Mais là, j'en pouvais plus. Je me suis dit que j'allais finir sans amour.  Sans amour toujours, sans amour tous les jours, sans amour tout court…

Et puis voilà, ce soir il était là. Et c'est pas à la gourmette que je l'ai reconnu, c'est à… Je l'ai reconnu et puis c'est tout.

J'ai moissonné l'amour toute la nuit.

J'ai croisé Hubert !

Je suis sûr que c'est lui.

C'était mon amoureux en CE1.

On était toujours fourré ensemble dans la cour de l'école (côté église) et quand il me demandait d'enlever ma culotte et je le faisais. Et puis on allait se baigner ensemble, et puis on faisait du vélo. Et en Lego il était super fort pour faire des engins, surtout des fusées intersidérales.

Et puis une fois, en CM2, il m'a fait une cabane. Elle était derrière chez Madame Oubas, elle était en noisetier, comme une tente avec une couverture par terre pour pas avoir froid. Mais c'était l'été, il a jamais fait froid sous cette cabane. On y allait tous les jours, c'était un secret.

Mon père, il me cherchait partout quand on y était. Nous on jouait aux grandes personnes pendant des heures. Il avait les cheveux longs, alors je le coiffais…

C'est bizarre tous ces souvenirs qui me sont revenus quand je l'ai vu, d'un coup je me suis sentie vieille.

J'ai rencontré une star

J'ai vu Anthony Delon, et ben il est vraiment beau.

Elle a du pot Geneviève d'avoir couché avec. Deux fois en plus !

À la mer et à la ville ! J'en reviens pas. Il a l'air tellement gentil avec ses yeux bleus…

Moi j'ai pas pu m'empêcher, j'ai regardé s'il portait pas une gourmette !

La prisonnière

Quand j'étais petite, je rêvais toujours qu'un prince m'enlève sur son cheval, qui était pommelé, pas blanc, et qu'il me retienne dans son château et que quand mon père il paye la rançon -très chère !-, le prince me retient quand même parce qu'il est tombé amoureux de moi, et il veut plus me rendre.

Moi je reste prisonnière dans son château sans jamais pouvoir sortir.

Et toute ma vie, je regarde les collines à travers les barreaux dorés de la fenêtre, et c'est triste de voir les saisons passer, et de penser à mon père qui est tout seul dans sa ferme, mais au fond de mon cœur je sais que le prince m'aime comme un fou et j'aime ça.

Tout à l'heure quand on était otage, j'ai repensé à ce rêve. C'était douillet !

Nuit d'amour

Quand il s'est recouchése sont dressés au-dessus de moi comme deux demies lunes. , ses deux sourcils emmêlés

Là, je me sentais à l'abri, comme sous le préau de l’école pendant l'orage que j'avais en moi.

Il fermait les yeux et moi je les gardais grand ouverts. Je voulais tout voir.

À 3  heures 27, il m'a dit qu'il devait partir.

J'ai répondu que je savais pas ce qu'il fallait répondre.

Mon ventre sous sa main résonnait très fort du tonnerre de l’orage.

Alors il s'est rhabillé et il est parti.

C’était bien mieux qu’un rêve

Devant moi, il y avait plein de pommes rouges et brillantes, et d’autres jaunes et fripées.

Elles étaient bien alignées comme des boulets de canon. Le vendeur me demande si je veux de l’aide, alors je lui réponds que je sais les choisir : au nez !

C’est mon père qui m’a appris.

Si elles sentent le miel et la chenille, c'est qu'elles sont mûres et croquantes. Je m’apprêtais à en poser une dans mon panier quand une odeur de cuir m’a chatouillé le nez.

J'ai levé les yeux, et il me regardait.

Il était debout, avec sa sacoche à la main, il disait rien, il avait l'air perdu… Il avait un peu le regard de Griset, mon poulain. Et un peu sa crinière aussi. Je me suis concentrée sur la pomme, mais elle ne sentait plus rien.

Mon nez avait tout pris son odeur à lui.

On a marché côte à côte sur le trottoir, sans se parler toujours. C'était comme si on allait au même endroit, mais on savait pas où c'était.

C'était chez moi.

Il m’a embrassée, j’ai d’abord trouvé ça bizarre, et puis, je ne sais pas ce qu’il avait mis dans sa bouche, mais j’ai vite eu le tournis.

Alors, comme j’avais peur de tomber, je me suis accrochée à lui, très fort !

C’était bien, parce qu’il était costaud.

Orlando Bloom, c’est la star du moment : toutes les filles sont folles de lui. Mettre un visage sur l’homme qui me fait rêver ! Ca ce serait génial ! J’aimerais bien avoir des posters de garçons qui existent pour de vrai sur les murs de ma chambre et m’endormir en les regardant. Le problème c’est qu’ils pourraient croire que je dors les yeux ouverts, et ça, ça fout trop les chocottes.

Le mystère de la gourmette

Le fils des Maurins, je me souviens il avait une gourmette. Je la revois. CYRIL, écrit avec des vides.Ça faisait gling, quand il écrivait. Lui, il disait que c'était de l'or blanc, mais moi je crois que c'était de l'argent, parce qu'elle était grise. Pourvu que c'est pas lui l'homme de mes rêves… Il était gentil, mais… il avait de toutes petites oreilles roses, puisque transparentes que j'aimais pas du tout… Faut que je regarde les oreilles la prochaine fois da ns mon rêve !

Les hommes viennent d'ou??? les femmes surement de plus loin...

Il paraît que les hommes et les femmes ils savent pas s’écouter.

Ça veut dire qu’ils ne sont pas faits pour s’entendre ?

En tout cas, moi je voudrais bien que l’homme qui m’aime il soit sourd quand je me mouche ! Mais pas quand je l ui dis qu'il est beau ! En fait, je sais pas s'il sera vraiment beau ? Comment on sait quand un homme est beau ? Je crois que c’est quand il sourit, ça fait des paillettes autour des yeux et des soleils derrière la nuque, et puis ça peut se voir dans le noir

Les mots pour plaire

Un garçon m'a parlé quand je faisais la queue à la boulangerie. Il m'a dit qu'il me trouvait jolie. C'était gentil.

Il était drôlement trapu. Un peu comme une maison, ou une grange. Il parlait super vite avec un accent. Il parlait, il parlait, il parlait… je comprenais rien du tout. Tous les mots qu'il disait, et même tout ce qu'il disait… Je comprenais rien de rien !

Alors j'ai payé mon pain et je me suis sauvée. J'aime pas, pas comprendre !